Les entreprises casablancaises font leur lobbying auprès de la municipalité

Un think tank publie un livre blanc sur l’intérêt des bonnes relations privé / public pour développer Casablanca. Les entreprises rêvent d’être plus consultées et écoutées par la municipalité.

Surpasser la rivalité entre pouvoirs publics et entreprises, voilà ce que souhaite le think tank Radius. Il vient de publier son livre blanc nommé « l’entreprise au cœur de la métropole », qui s’inscrit dans son programme de réflexion Casa Impulse. Partant des problèmes observés sur le terrain (manque d’infrastructures, pollution…) et muni du postulat selon lequel l’entreprise peut jouer un rôle primordial pour les résoudre, le think tank y compile ses recommandations.

Par exemple, pour l’organisme, la ville et ses habitants gagneraient à la consultation des entreprises privées lors de l’élaboration des plans d’aménagement urbain. Il cite l’exemple des logements sociaux qui manquent d’infrastructures. Pour le think tank, cette carence est due au manque de concertation, au lobbying des promoteurs immobiliers et à la rigidité de l’administration. Elle aurait pu être évitée si la Lydec ou bien les banques avaient été écoutées. « Réaménager les bidonvilles historiques pour en faire un cadre de vie aurait été moins coûteux et plus en accord avec l’identité urbaine de la ville », peut-on lire dans le livre blanc.

Des enjeux électoraux qui freinent les bonnes relations avec les entreprises

Radius conseille aussi de davantage découper la ville en secteurs d’activité : gastronomique, culturel, balnéaire etc. pour la rendre « plus attractive ». Ce livre blanc recommande également une plus grande implication des entreprises dans la réduction des dépenses énergétiques. Pour cela, il conseille par exemple d’impliquer plus les entreprises dans la politique de gestion des déchets, de mettre les sociétés en réseau pour faciliter la collecte de leurs déchets et en réduire les coûts, de les inciter à réduire leur consommation énergétique, ou encore de réaliser les politiques urbaines d’efficacité énergétique en partenariat public-privé (PPP).

Pour Radius, ce modèle d’investissement a offert de grosses avancées à Casablanca (eau, électricité…) mais se heurte toujours à la technocratie de l’administration municipale et aux enjeux politiques et électoraux qui rythment l’action de la ville.

Le livre blanc se conclut par une recommandation plutôt innovante : l’instauration d’un espace de dialogue institutionnalisé entre entreprises locales et municipalité, une sorte de club privé. Les sociétés y seraient consultées systématiquement lors d’un changement de réglementation ou la mise en place d’un nouveau plan pour la ville. Radius est clair : les entreprises doivent poursuivre leur lobbying et les pouvoirs publics se mettre à l’écoute de leurs doléances. Ce centre offrirait, entre autres, des formations spécialisées pour les fonctionnaires, concevrait les modèles de PPP. Acteurs publics et privés se réuniraient régulièrement pour partager leurs informations.

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